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dimanche 16 septembre 2012

L'Aquaparc veut sa couverture, mais à quel prix ?

Article de J B Gagnoux


Le Grand Dole a décidé la couverture du grand bassin de l’aquaparc Isis lors du Conseil Communautaire de mars dernier (29 mars 2012). Cette décision va entraîner de profondes modifications sur le site de l’aquaparc. Il s’agit d’un projet extrêmement coûteux (le plus important du mandat…) qui nécessite une vigilance particulière.
Le projet s’appuie sur une étude de faisabilité du cabinet Mission H2O basé à Malakoff dans les Hauts de Seine. Voici les conclusions de cette étude :

  • La couverture est possible techniquement avec refonte des vestiaires, douches actuelles, isolation.
  • Séparation en deux, par des murs amovibles, du grand bassin de 50 mètres et création d’un bassin d’environ 125 M² pour l’apprentissage de la natation sur l’actuel terrain de Beach Volley. Ceci rendant une réponse quantitative au besoin sur le secteur de mètres carrés de nage supplémentaires.
  • Mise en place d’une toiture découvrable sur la moitié du bassin.

Le coût de l'Opération (€ TTC) est fixé à 10 370 546 € qui se décompose ainsi :

-Coût Travaux (€ HT) .................................................................................... 6 495 000 €
-Frais de maîtrise d'oeuvre et frais annexes (€ HT) ........................................ 1 591 275 €
-Provision pour fondations spéciales (€ HT) ..................................................... 260 000 €
-Aléas de chantier (€ HT) .................................................................................. 324 750 €
-Coût d'Opération (€ HT) ............................................................................... 8 671 025 €
-TVA (19,6%) ................................................................................................. 1 699 521 €
TOTAL  ........................................................................................................10 370 546 €

Chacun peut constater l’ampleur du projet et surtout le coût. Dans ces conditions la réflexion sur les futurs travaux et sur l’utilité même du projet se posent. Personnellement, je suis plutôt favorable à la couverture à condition que l’aspect ludique estival reste totalement possible et que les clubs ( CNDR, Waterpolo, Plongée) y trouvent leur compte. L’idée de la construction d’une nouvelle piscine n’est pas mauvaise, mais le coût serait très probablement nettement supérieur à la couverture. Par ailleurs,  tout le monde sait que l’aquaparc ne sert qu’à peine plus de deux mois dans l’année... La couverture permet ainsi une meilleure rentabilité du site.

Reste que ce projet est mené d’une façon peu lisible, dans la rapidité, l’opacité et l’absence de réelle concertation avec les acteurs locaux. J’ai pu, à ce sujet, rencontrer le président du Cercle des Nageurs de Dole et de sa Région (CNDR) pour évaluer les besoins et ses inquiétudes légitimes.

Mes reproches sur la forme :

D’abord je regrette qu’aucune étude n’ait été réalisée pour évaluer le coût d’une nouvelle piscine. Cela aurait permis de comparer deux études. D’autre part, la séance du Conseil Communautaire à l’Abergement la Ronce le 29 mars dernier a été purement un lit de justice du président Chalon. Voici un projet à 10 millions d’euros présenté en conseil sans la moindre réunion préalable de la commission sport du Grand Dole ni celle de la Ville (du jamais vu pour un projet d’une telle ampleur !) Et ce ne n’est pas fini… Aucun document apporté à la connaissance des élus en annexe de l’ordre du jour, pas plus que l’étude du bureau H²O… Absolument rien pour prendre notre décision, à part la délibération et un vulgaire plan peu lisible des aménagements. Aucune concertation avec les clubs dolois et les établissements scolaires. Nous avions là finalement, la méthode régulièrement utilisée par M. le Président « je décide, ils exécutent »… J’ai donc naturellement exprimé mon mécontentement sur le fait qu’il était difficile « de parler du fond sans avoir la forme… ». Pas question de donner un blanc-seing au bureau communautaire pour un projet aussi coûteux ! J’ai donc voté contre cette délibération comme 15 autres élus. Malheureusement, les Conseillers Communautaires restent relativement passifs et peu bavards. Ils ont voté assez largement le projet, comme d’habitude. Peu osent s’exprimer, telle l’omerta.

Sur le fond :

D’abord il est fort regrettable qu’aucune étude n’ait été réalisée pour évaluer le coût d’une nouvelle piscine. Cela aurait permis de comparer deux études, l’une sur la couverture, l’autre sur un nouveau site aquatique. Depuis mars, la majorité a rencontré les acteurs sportifs…Il était temps… ! Plusieurs problèmes voient le jour contrairement à ce que le Président nous a indiqué à la dernière commission sport du Grand Dole. Les inquiétudes sont multiples, en voici les plus importantes :

  • Le bassin actuel de 50 mètres n’est pas homologué pour les compétitions, la profondeur au début de celui-ci n’est que de 80 cm… Cela ne permet pas, par ailleurs, la natation synchronisée et ne satisfait pas le club de plongée…
  • Rien n’est prévu dans le projet global pour les bureaux des clubs sportifs, notamment le CNDR, utilisant la piscine Barberousse (qui fermera à la réouverture de l’aquaparc couvert, même si le Maire n’ose le dire…)
  • La couverture permettra-t-elle, avec le toit amovible et les aménagements nécessaires, une réelle pratique ludique en été ?

Ce qu’il faut faire rapidement:

  • Engager une réelle concertation avec le CNDR et les clubs utilisateurs et non pas une simple «écoute».
  • Se rapprocher de la Fédération Nationale de Natation sur les conditions d’homologation du bassin…Serions-nous la seule ville du Grand Est avec un club de natation de plus de 400 jeunes ayant un bassin de 50 mètres non homologué ? Cela serait risible…de l’extérieur seulement, vu le coût de l’opération.

La majorité municipale semble vouloir aller très vite sur le dossier mais l’ampleur du chantier nécessite une réelle concertation et du temps pour évaluer les besoins. Si l’approche des élections municipales de 2014 est un vecteur de précipitation, il convient de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter des erreurs manifestes dans la réalisation d’un investissement de très long terme.